Pourquoi vouloir toujours nuancer ses idées pose problème en atelier de philosophie ? Et en quoi la contrainte du choix tranché peut-elle nous aider à penser ?
Problème n°1 : Ne pas s’engager dans l’acte de penser
J’ai observé que lorsque les participants, enfants comme adultes, répondent à une question sans prendre position : "Ça dépend", "Des fois oui, des fois non", “Parfois”, “Peut-être”, “Moyen”, ils ont du mal à argumenter leur réponse de façon approfondie.
De fait, la tâche est compromise puisque argumenter consiste précisément à justifier une prise de position. Comme l’âne de Buridan qui se laisse mourir faute de choisir la pensée s’immobilise et s’anéantit dans l’indécision.
Exiger des participants qu’ils prennent position pour répondre à une question leur permet de s’engager à argumenter leur idée et, ce faisant, de l’explorer en profondeur.
Cela leur permet aussi de clarifier leur pensée car chercher à défendre deux idées distinctes en même temps favorise la confusion.
Si un participant souhaite défendre deux idées opposées, il est donc plus fructueux de l’inviter à le faire en deux temps.
Souvent, on rechigne à prendre position parce qu'on n'est pas sûr de faire le bon choix.
Rappelons que l’atelier de philosophie est avant tout un laboratoire où l’on se donne la liberté d'expérimenter les idées sans se soucier de leur certitude.
Il ne s’agit donc pas d’envisager une prise de position comme un engagement absolu et définitif de notre part, pas plus que comme une fin en soi.
C’est plutôt une méthode, un moyen qu’on se donne pour approfondir une idée, élaborer un argument, aller au bout d’un raisonnement. Peu importe qu'on soit sûr ou qu'on change d'avis par la suite. Ce qui compte c'est qu’on s'engage dans l'acte de penser !
Prendre position nous permet de clarifier notre pensée et d’approfondir nos idées.
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